France
17 janvier 2020
Ils sont tous venus demander un moratoire auprès de la préfecture sur l’implantation d’éoliennes en Creuse. « Ce que l’on souhaite, c’est plus de transparence, qu’enfin le domaine de l’économie rentre dans le cadre de la démocratie parce que pour l’instant, ce n’est pas le cas, explique Marie-Christine Girault, secrétaire de France environnement 23. Tout est gardé opaque par des entreprises privées alors que ça a beaucoup d’impacts sur notre vie. Nous sommes des citoyens et nous voulons avoir notre mot à dire. »
Si FNE 23 était présente, d’autres collectifs et associations de citoyens concernés ou sensibilisés aux projets éoliens se sont déplacés pour l’occasion.
« Les habitants de la Creuse ne prennent pas encore la mesure du déferlement éolien qui est en train de se préparer sur le territoire ou ses abords immédiats, prévient Cédric de Queiros, du collectif Alerte éolienne 23. Il faut que les habitants posent des questions à leurs élus, et leur demandent de se positionner là-dessus. »
L'éolien en Creuse, avec ces brises qui le portent et les vents contraires qui le freinent
Les raisons qui nourrissent la farouche opposition de ces Creusois face au déploiement éolien sont nombreuses. Parmi elles, les « nuisances » générées par les éoliennes.
« On écoute les gens qui ont des éoliennes à côté de chez eux, ils parlent du bruit, de l’effet stroboscopique, énormément de personnes déclenchent des phénomènes dépressifs », détaille M.-Ch. Girault.
Mise en cause également, la grande illusion de la transition énergétique que ressentent certains opposants. Les éoliennes devaient peu à peu faire fermer des centrales nucléaires mais dans les faits, rien n’est fait.
« Les éoliennes ne viennent pas à la place d’une autre source d’énergie comme le nucléaire ou le thermique qui créent beaucoup de CO2 et posent de sérieux problèmes, elles se surajoutent, regrette la secrétaire de FNE 23. Les centrales iront jusqu’au bout de leurs parcours, on ne les arrêtera pas, il ne faut pas se faire d’illusion ».
Pour cette militante, ancienne ingénieur, pas de doute, si l’on multiplie les sources d’énergie, ce n’est pas pour pouvoir se passer de certaines mais pour « expérimenter » et nourrir les demandes énergétiques de « la 5G, de la voiture autonome, des big data. »
171 éoliennes ont été recensées dans le département, soit déjà installées dans les cinq parcs actifs, soit en projet d’installation.
3 nouveaux parcs prévus. L’implantation du parc éolien du Chauchet-Saint-Priest a été acceptée par la préfecture le 24 mai 2019. Un recours conten-tieux a été adressé le 24 janvier par FNE 23. Le projet de parc sur Janaillat a été signé tout comme celui des Monts du Transet. D’autres sont toujours en lecture à la préfecture.
Face à la crise environnementale qui secoue notre planète, l’association interpelle et interroge notre manière de consommer. « Les éoliennes, c’est de l’énergie supplémentaire, si on a de l’énergie en plus, on va augmenter la croissance, et ça, on n’en a vraiment pas vraiment besoin actuellellement ».
La transition énergétique, M.-Ch. Girault n’y croit pas. « Ça laisse croire que l’on va pouvoir faire de l’énergie vertueuse et consommer autant. Mais on oublie l’effet rebond. »
Éoliennes : vive le vent, vraiment ?
Alors trouver des alternatives au nucléaire et au thermique ? « On a encore le temps », répond FNE 23. En ajouter dès à présent, comme le font les parcs éoliens, revient pour l’association à « donner la possibilité de continuer à aggraver les choses alors que l’objectif, c’est de revenir à un état d’équilibre.On peux y réfléchir mais réfléchir ne veut pas dire se jeter dedans. Des éoliennes peut-être qu’il y en aura mais pas forcément des champs d’éoliennes comme à présent, il peut y avoir de petites éoliennes, à l’échelon d’un village, d’un groupe d’immeubles », imagine FNE 23.
L’autre argument anti-éolien, c’est la pollution engendrée par une énergie industrielle dite “verte”. « Pour fabriquer une éolienne, il faut énormément d’énergie, de terres rares que l’on exploite en créant des dégâts environnementaux épouvantables dans d’autres pays », rappelle M.-Ch. Girault.
Qui n’oublie pas la pollution visuelle causée par les lignes d’éoliennes qui nuisent à l’attractivité touristique et les répercussions, maintenant mesurées, sur la faune (oiseaux, chauve-souris, insectes, troupeaux). Et l’après : le coût astronomique du démantèlement (un demi million d’euros), l’impossible recyclage des matériaux.
Cédric de Queiros souhaite que les Creusois soient vigilants. « Je conseille aux habitants d’en parler à leur municipalité. Le conseil municipal peut freiner ces projets en s’opposant à leurs études. Après les municipales, on va voir des projets fleurir partout donc il faut vraiment se mobiliser maintenant. »
Julie Ho Hoa